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Chère Page

7 mai 2010

Je n'aime pas Paris


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Chère Page,

Je n'aime pas Paris et la musique classique. Sauf la nuit. La nuit, rien n'est plus beau que de rouler le long des quais sur la nocturne en ut dièse mineur de Chopin, reverbères allumés scintillants sur les berges de pierre, tandis que les témoins architecturaux des temps révolus se dressent de l’autre côté de la rive, silencieux.

Alors, j'aime paris. Pas une âme qui vive en vue, mais l'ombre des fantômes nous survolent, ces habitants qui marchèrent du même pas que nous, sur les mêmes dalles.

Et soudainement, nous sommes dans les terres. Le choc est frontal. Un Mc Donald place Valhubert, plus loin Austerlitz Automobiles, le Dragon Bleu specialités chinoises, notre société est là, à portée de porte-monnaie, avide et contemporaine.

Parfois, je voudrais être hier.

 

 

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6 mai 2010

Paris - Amsterdam, mais de qui se moque t-on, bordel.

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Chère Page,

 

 

J'en ai une bien bonne à te raconter. Après de nombreux mois sans couleur, sans odeur, enfin un week-end away. Amsterdam. Ma cousine me rejoint de Londres, ou elle campe depuis plus d'an. Cela fait des années qu'on ne s'est pas vu. Facebook, ce joyeux organisateur de rencontres, nous réunissames virtuellement. Nous décidames de fuir qui la grisaille londonienne, qui les giboulées parisiennes, et de nous retrouver autour d'un bon splif. 


Je réservais mon week-end pour Dam sur le site de la SNCF, enthousiasmée à la perspective de nos retrouvailles prochaines. Je suis obligée de passer par Bruxelles, mais tant pis. Paris-Bruxelles-Amsterdam, Amsterdam-Bruxelles-Paris, Here I Come! Cependant, un contretemps survient, inopinément, comme nombre d'entre eux. Je me retrouvais donc à nouveau sur le site de la SNCF afin de changer mon billet retour, d'un dimanche soir au bénéfice d'un lundi matin. 


Sur le site, on me propose de me rembourser mon premier ticket. Je m'aperçois dès la première page que la SNCF me retire 30 euros de frais administratif, même si j'ai pris un billet remboursable. Je serai donc remboursée la somme de 56 euros au lieu des 86 euros que m'ont couté le billet retour.  A la deuxieme page, celle de la confirmation, on me confirme que mon billet Paris-Amsterdam va m'être remboursé si je clique "ok", soit la somme de 36 euros.


En effet, c'est intéressant d'être remboursé 36 euros quand on en a raqué 86 pour un billet remboursable, me dis-je, irritée. De plus, lors de ma réservation, le trajet direct n'était même pas une option. La technologie à ses limites, mais pourquoi ne sont-elles jamais poussées dans mon sens, je vous le demande? Je vous prends à témoin.


Je téléphone donc a la SNCF, armée de toute la bonne volonté du monde - mettons de mon quartier - attendez - toute la meilleure volonté du 6ème étage du 8 de la rue des Ternes à Paris. J'explique ma situation à une interlocutrice, qui a l'air très étonnée de recevoir des appels. Interloquée à l'idée qu'on soit parvenue à naviguer l'interface répondeur et à la joindre, elle m'écoute attentivement. Je lui relate les évènements sus-mentionnés.


A l'issue de mon histoire, elle me demande si j'ai acheté mes billets sur Internet. Comme c'est le cas et que je n'ai cessé de le mentionner depuis le début de mon appel, il me semble approprié, quoique légèrement douloureux à ce stade, de confirmer. Elle m'explique alors que je dois m'adresser au service approprié, et procède à l'énumération du numéro du service Internet, un service technique pour apprendre à utiliser leur site, en quelque sorte. 


Je lui réponds que je ne cherche pas un service technique, sous entendu que leur site n'est pas d'une complexité telle que je ne puisse faire la différence entre un trajet direct et un trajet qui passe par Bruxelles, thank you very moche, mais que je souhaiterai, si tant est que cela fut possible, changer mon billet retour. Que pour ce faire, je resterai bien en sa charmante compagnie (pfff) quelques minutes encore. Elle m'envoit bouler en me soutenant je vous le jure, que "Internet..gloub...Internet...gloub gloub Internet...solution magique...je lire Closer...ou Voici...vous...chez les Grecs." Et sur ce, elle me congédia.


J'appelle donc le service technique. Le répondeur me cueille comme une fleur, et me chante avec des inflexions italiennes, bien que teintées du ton légèrement robotique de toutes les voix automatiques: "Pour tout changement de billet, merci de bien vouloir appeler la SNCF au...". Et elle me donne le numéro que j'ai fais précédemment. 


Afin d'abréger vos souffrances et ne pas vous relater toutes les miennes, je vous propose, en lieu et place du pétage de plomb dont je fis preuve, d'aller écouter une des sonat es pour piano de Beethoven, n'importe laquelle, allez-y, on se retrouve dans quelques instants.

...

Je rappelle donc le numéro initial.


Je tombe dans les bras virtuels d'un homme qui me dit que oui, j'ai bien composé le bon numéro, et que j'ai bien fais d'appeler, parce que quand on réserve sur Internet, il y a toujours des frais supplémentaires, et que beaucoup de gens se font avoir comme ça. Je l'aurais écouté pendant des heures, je l'ai mis sur mon Ipod, je l'écoute le soir avant de m'endormir.


Je le remercie pour cette franchise rafraichissante, bordel de merde, et maintenant lui demande-je, puis-je changer mon ticket.

- "Vous avez les billets en main?", me demande t-il. 

- "Je les ai en effet par devers moi", confirme-je.

- "Alors il faudra les changer directement a la gare." 

t;- "Ah."

A ce stade, je me contente de demander les horaires d'ouverture des guichets. 

- "Mon train est a 6h30, pourrais-je changer mon retour avant de partir?" 

- "Mais c'est bien sur que c'est évident que c'est pas de problemo" me dit il, péremptoire. "Les guichets ouvrent à 5h30 alors vous pensez bien tout de même, on est bien nous à la SNCF, vive le roi."


C'est ssslaaa, oui.


C'est donc a l'heure tardive de 4h30 un samedi matin (quand on a pas dormi c'est tard) que je prends ma douche, vérifie ne rien avoir oublié, et prends le métro direction Gare du Nord. J'arrive a 5h20, juste parce que je suis toujours un peu en avance partout où je vais, ça m'énerve mais je suis programmée comme ça. En l'occurrence, je veux être la première au guichet qui ouvre dans 10 minutes. Après tout on est en plein mois d'août, il pourrait y avoir du monde rapidement et j'ai quand même un train à prendre.


Je fais les 400 pas, voyant la gare se remplir peu a peu, et l'heure passer. 5 heures et demi est révolu, et 6 heures n'arrive pas. Entre temps, j'ai essayé de changer mon billet sur les machines jaunes. Elles me font peur et elles ont l'air malade. J'ai l'impression quelle vont me forcer à prendre un billet pour des destinations non répertoriées sur la carte. Mais finalement, la machine a la décence de m'annoncer que mes billets ne sont pas modifiables sur les dites machines, et qu'il faut que j'aille au guichet. Je ne demande que ça.


Mais le temps passe, les guichets n'ouvrent pas, et l'angoisse monte. Vais-je pouvoir changer mon billet retour? Vais-je devoir laisser ma cousine toute seule à Amsterdam dimanche soir après avoir seulement passé une journée et une nuit en sa compagnie? Au prix des billets, c'est un bien court séjour. Dès que le kiosque à journaux ouvre, je me précipite pour parler à l'homme aux yeux collés qui est en train de soulever le store. D'après lui, les guichets ouvrent a 6h, et il faut que j'aille au fond de la gare. Je me presse lentement, mon train est à 6h25, ça ira laaaarge.


Seulement, 6 heures comes and goes, les guichets restent vides, et là, je sens monter en moi les débuts d'un énervement qui jusque là restait tapissé dans l'ombre de mon psyché. A 6h05, plusieurs autres personnes attendent également. Elles circulent doucement autour des guichets, essayant de deviner lequel va ouvrir en premier. Enfin, sur le coup de 6h10, nous voyons pointer le visage fatigué  d'une jeune femme derrière un guichet. Elle vaque à ses occupations, réussissant comme tous les gens de l'hospitalité en France à maîtriser l'art d'avoir l'air très occupée à des activités mystérieuses, tout en évitant les regards des clients avec une adresse frôlant le génie. Je l'interpelle de loin, gardant une distance respectueuse. Au début de la file, la présence insistante d'un signe disant "fermé" m'annonce que ce n'est pas gagné. 


Elle me répond, son expression lisant "les gens ne savent rien c'est pas possible", et me pointe du doigt une large pancarte ou de nombreux renseignements sont fournis en lettres larges, et où, tout en haut à gauche et en lettre à peine lisibles, il serait indiqué que les guichets ouvriraient à 6h25 le samedi et 6 heures les autres jours. A ce jour, je ne pourrai pas vous confirmer la véracité de cette information parce que j'étais au moins à 10 centimètres de la pancarte.


Je renonce à changer mon billet à Paris, et me dis que je le ferai à mon arrivée à Amsterdam. La perspective de faire attendre ma cousine  alors que je ne sais pas si son portable fonctionnera là bas et si j'arriverai à la joindre ne m'enchante guère. Les choses étant ce qu'elles sont, je monte dans le train et m'endors aussitôt du sommeil du juste ayant échappé à une gare d'insomniaques, les griffes cependant bien agrippées à mes affaires.


J'atteins Bruxelles sans encombre une heure et des poussières plus tard. J'ai vingt minutes pour effectuer mon changement, direction Amsterdam. Je trouve le train et m'installe confortablement. Je m'assoupis à nouveau, tandis que la Voix égrène les étapes de notre périple: Schlumbougen, Trouduflouc, et autres Stetrurenbuuze quelque chose. Mais étrangement, pas d'Amsterdam. Comme c'est la première fois que je me trompe de train, je décide de paniquer parce que c'est de bon ton. 


Je prends mon voisin à témoin, mais il m'explique que je suis dans le bon train, mais celui-ci ne va plus à Amsterdam. Ah. En effet, pour cause de travaux dont les détails m'échappent parce que je m'en fous, il faut à présent que je fasse un changement à Steturenbuss. Quelques instants plus tard, la Voix confirme cette information. Moi qui comptait passer les trois heures du trajet Bruxelles-Dam à dormir, c'est foutu. Je dois changer de train dans deux heures, et suis trop préoccupée à l'idée de rater la station, d'abord parce que Steturanboussde n'est pas la station finale, ensuite parce que j'ai peur dans un moment de somnolence de confondre Steturenbusse et Steturenbouze, et de me retrouver à passer le week-end avec des vaches aux yeux vitreux mais très cools. 


Par miracle, je parviens à descendre à la bonne station. Et j'accepte ma mission: j'ai quinze minutes pour trouver et monter dans le train direction Amsterdam avant que celui-ci ne démarre sans moi, laissant derrière lui une fumée de nature suspicieuse.


La gare de Steturentruque est étonnament grande. En fait, tous les trains de partout pour partout semblent y passer. Comme un papillon attiré par la lumière, je me dirige vers l'endroit marque "Zentrum", dans l'espoir d'y gagner des renseignements. Je tombe sur deux types avec casquettes et uniformes qui renseignent une vieille dame. J'attends à côté, jusqu a ce que je m'aperçoive que l'un d'entre eux regardait la dame les yeux dans le vague, laissant l'autre la renseigner. 


Je sollicite donc l'assistance de ce brave homme en lui racontant en English ma pauvre histoire en trente secondes top chrono, mais pourquoi ne m'a t-on pas dis que je devrais changer de train et maintenant me voila dans une grande gare hostile à la recherche du prochain train pour Amsterdam, il me reste cinq minutes avant le départ, top c'est à vous.


Il me répond qu'il y a bien un train qui part dans cinq minutes et va à Amsterdam, il faut prendre cette direction. Je l'embrasserai si je n'étais pas si pressé. "N'oubliez pas de changer à Utrecht", me dit-il alors que je m'en vais. Je reviens sur mes pas, le regarde, et lui dis "non". Tout simplement, "non". Je n'irai pas à Utrecht. Je vais à Ams-ter-dam. Il me dit, "sisi, il faut changer par Utrecht". Je lui réponds, "non". Après quelques minutes d'échanges utiles, il me regarde, résigné, et me dit: "Il y a un train direct pour Amsterdam, il part dans vingt minutes, voie 3." Je me permets, en rassemblant tout ce qu'il reste d'humain en moi, de lui demander respectueusement pourquoi il ne me l'a pas dit plus tôt (sous entendu, bordel de merde). "Parce que vous vouliez prendre le train qui partait dans les cinq minutes" me répond-il, sincèrement. 


En chemin vers la voie 3, je me prends un thé et un mini-sandwich au pain blanc et saumon. En mangeant ce petit instant de bonheur dans ce monde de brutes sur la voie, je réalise que j'arriverai à Amsterdam avec à peine une heure de retard par rapport à l'horaire initialement prévu, ce qui est a-okay. Je monte dans le train, mon enthousiasme renouvelé, destination finale affichée: Hamster Dame.


Seulement, dans ce train, il n'y a pas une place de libre. Le train est surbooké, probablement à cause des travaux sus-mentionnés. Les voyageurs déambulent dans les couloirs à la recherche d'une place qui aurait miraculeusement échappé à l'attention des autres. Les uns voient les autres revenir bredouille d'un trajet dans un wagon, mais ils y vont quand même, pour revenir bredouille à leur tour et laisser la place à d'autres qui vont faire le même chemin. Les gens sont sur les escaliers, debout, partout. Par chance, je me trouve un petit bout d'escalier rien que pour moi, et rumine. Je sors alors mon carnet, et griffonne furieusement le petit récit qui occupe une fenêtre de votre écran.


A l'arrêt suivant, plein de voyageurs descendent, et j'en profite pour saisir un siège près de la fenêtre. Il fait beau et je prends le soleil, protégée par la vitre du train, écran total. Je me suis assise en face d'un couple qui a l'air sympathique, et je commence à regarder le paysage. Un bref instant plus tard, un individu s'approche et me demande, en anglais, s'il peut s'asseoir sur le siège d'à côté. J'opine et déplace mon sac posé à côté de moi, pour le placer à mes pieds. Je ne prononce pas un mot, n'étant pas d'humeur badine. 


"So gracious", me dit l'individu ironiquement et avec le ton de quelqu'un qui cherche la bagarre, en s'asseyant. Mon manque de réaction, paradoxalement, semble le calmer. "It doesn't speak English, right", continue t-il tout haut, prenant à témoin un personnage imaginaire. Je croise le regard de ma voisine d'en face, et son regard me dit qu'elle est désolée pour moi mais ne peut rien faire.  Je me sens tout de même réconforté par ce contact.


Et c'est là que je m'aperçois soudainement que l'individu pue. Un mélange de clopes, de pas lavé et d'autre chose d'inidentifiable. L'odeur envahit mes narines, s'installe et me donne la nausée. Je cherche du regard une autre place de libre, même sur les escaliers, mais il n'y en a pas, et je n'ose pas pousser mes recherches du regard de peur que l'individu comprenne la maneuvre et décide qu'il s'en fout que je parle pas anglais on peut se battre quand même. Je garde la tête tournée vers la fenêtre tout le trajet, et me rappelle qu'une heure en apnée, c'est un bon entraînement pour les coffee shop. Enfin, merci my god, l'individu descend à la station précédant celle d'Amsterdam. 


Le reste du trajet se passe sans encombre, et c'est le pas léger et soulagé que je descend à Amsterdam central, prête à rejoindre ma cousine qui m'attend dans un café proche de la gare, certainement impatiente comme moi de commencer un week-end qui sera court mais trop super.


Il ne me reste qu'une tâche à accomplir: changer mon ticket de retour. Mais nous sommes en pleine journée, les guichets sont donc ouverts et je suis positive sur mes chances de succès. Je me rends à l'endroit indiqué, où une dame me dit de prendre un ticket et d'attendre que le numéro s'affiche sur les écrans. Je vais prendre mon ticket, C-143. Je blanchis légèrement en voyant le numéro, et regarde autour de moi. Apparemment, je ne suis pas seule. Je me renseigne auprès d'une guichetière sur le temps d'attente, et elle me dit "Oh, deux heures au plus." Je m'assieds entre deux voyageurs, l'air hagard, qui ne me voient même pas et fixent l'écran ou les numéros s'affichent lentement, les uns après les autres, lentement, lentement. C-50.


Shit.

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Chère Page
  • Blog d'une parisienne, ancienne expatriée des Etats-Unis. Il ne s'agit pas de sexe (bien que cela ne soit pas exclu), il ne s'agit pas d'amour (mais si il s'agit toujours d'amour), ceci sont les chroniques de Chère Page.
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